Quantcast
Channel: règlements de comptes » effondrement
Viewing all articles
Browse latest Browse all 5

En bourse, rien ne va plus, les jeux sont faits !

$
0
0

CasinoLa fin de l’année approche à grands pas.  Peu d’investisseurs pensent encore à changer leur fusil d’épaule avant les fêtes.  D’ailleurs, le mois de décembre est généralement un mois plus calme sur les marchés boursiers.  Pourtant, la correction (-10%) qui a débuté fait de ce mois décembre le pire depuis 2002…

Parmi les investisseurs, règne une sorte de lassitude.  Les taux d’intérêts sur leurs comptes d’épargne sont de plus en plus proches de zéro, leurs conseillers leur disent depuis des mois que la meilleure alternative reste d’investir (un peu) en bourse et ils ont fini par accepter cette idée.  Les médias relaient largement cette ambiance et la renforcent, à l’image de cet article de L’Echo qui confirme encore la tendance psychologique lourde.  Parmi les investisseurs professionnels, je n’ai pas de baromètre, ni fait le calcul, mais on tourne certainement autour de 3 sur 4 (voire plus) pour ce qui est du nombre de gérants et de stratégistes qui privilégient les actions aux autres classes d’actifs.  Il y a donc comme une sorte de capitulation, une évidence devenue quasi-absolue que la bourse serait le seul endroit où l’on peut encore gagner de l’argent

Pourtant, depuis le début de l’année, la plupart des marchés d’actions européens sont en repli (-4% sur l’Euro Stoxx 50), voire en fort repli (-27% et -28% respectivement pour la Grèce et le Portugal).  2014 aura donc été une année contrastée avec un premier semestre presque euphorique et une fin d’année qui marque le retour à la réalité.  En effet, la planète finance semblait vivre dans un doux rêve. Or, l’économie chinoise continue à ralentir sa cadence et ne sert plus de locomotive à la croissance mondiale.   La crise en Ukraine a probablement provoqué l’effondrement de la bourse russe qui perd plus de 50% depuis le début de l’année.  Le (t)rouble a perdu la moitié de sa valeur également, principalement à cause des retraits de capitaux que la banque centrale de Russie essaie d’étancher en relevant ses taux d’intérêts.  Son taux directeur est ainsi passé de 5% en début d’année à 17% hier, ce qui implique un crash obligataire et reflète la plus grosse crise en Russie depuis 1998.  En Europe, les budgets des états restent plombés par les mêmes problèmes structurels.  Rien de consistant n’a été fait pour endiguer les déficits et ce ne sont pas les grèves générales qui arrangeront le tableau…  En outre, l’Allemagne qui faisait office de “premier de cordée” pour la Zone Euro semble également toussoter, vraisemblablement à cause des sanctions économiques à effet “boomerang” contre la Russie.  L’effondrement des prix de l’énergie (le pétrole a perdu 50% de sa valeur d’échange en 6 mois) place dans de graves difficultés de nombreuses compagnies actives dans le secteur pétrolier et para-pétrolier.  Il met également à mal certains pays de l’OPEP. La menace terroriste est à nouveau bien présente, à l’image de la récente prise d’otage de Sidney et de certaines parties du monde qui sont devenues incontrôlables.

Pendant ce temps-là, le moral des investisseurs est au beau fixe.  La bourse américaine est probablement le reflet le plus édifiant de cette confiance excessive, elle qui affiche encore une hausse de plus de 15% sur son indice technologique NASDAQ 100 depuis le début d’année.  Il y a également une énorme bulle (et pas encore de champagne…) sur le marché obligataire où tout le monde semble résigné à prêter de l’argent à des pays en difficultés structurelles, tels que la France (0,91% bruts pour le taux à 10 ans), pour des rendements frôlant l’aumône… L’inflation est proche de zéro et il n’y a pas de croissance économique en Europe, certes.  Personne ne voit d’où pourrait venir une hausse brutale des taux comme celle 1987.  Mais, que va-t-il se passer lorsque la Réserve fédérale américaine va commencer à relever ses taux directeurs ?  Les investisseurs en resteront-ils intéressés par les obligations allemandes à 0,63% bruts pour 10 ans émises par un pays qui sera entouré de cancres au sein d’une monnaie en potentielle voie de disparition ? Ou bien seront-ils tentés de prêter à l’oncle Sam, qui réussit à se tirer d’affaires à chaque crise en faisant indirectement payer les autres pour ses propres problèmes, et qui voit son billet vert reprendre de fameuses couleurs (+10%) depuis son point bas du début d’année ?  En ce qui me concerne, je suis convaincu que la hausse des taux sur certains marchés peut créer une contagion dans la Zone euro, puis une panique.  Quel serait l’impact d’une hausse de 100 ou 200 points de base des taux à 10 ans sur les budgets des états surendettés ?  Si cette bulle obligataire explose et que le monde réalise qu’un état hyper-endetté ne peut pas se financer gratuitement éternellement, les dégâts peuvent être considérables sur les bilans des banques (certaines annoncent d’ailleurs ces inquiétudes et refusent de pratiquer des prêts aux taux-planchers actuels), sur ceux des compagnies d’assurance et sur les budgets des états qui auraient une partie importante de leur dette à renégocier à court terme.  Les baisses des derniers jours ont été provoquées par les nouvelles tensions… en Grèce !  Un des plus petits pays de la zone !  Mais, que se passera-t-il lorsqu’on s’inquiètera à nouveau pour l’Italie, l’Espagne ou la France ?

Quoi qu’il en soit, en cette fin d’année 2014, les cartes maîtresses commencent à tomber sur la table, les unes après les autres, et il me semble très risqué d’attendre des performances boursières positives pour 2015.  La belle surprise de l’année nouvelle pourrait alors être celle du cash qui serait en mesure de délivrer la meilleure performance parmi toutes les classes d’actifs, c’est-à-dire être la seule à être (légèrement) positive.  Même à près de 0% d’intérêts, laisser l’argent sur son compte d’épargne serait alors le meilleur placement à faire en attendant une bonne panique au cours de laquelle les cartes seront redistribuées à nouveau.  Entretemps, je pense qu’il est judicieux de garder encore patience.  Les énormes menaces, qui pèsent sur les marchés financiers et qui se sont déjà manifestées plusieurs fois depuis l’été, n’ont pas disparu, au contraire !  Il me semble donc grave, voire criminel, de laisser croire aux épargnants que la bourse est l’endroit le plus adéquat pour placer leurs économies en 2015, à moins d’être un gérant de casino…

Philippe Steufken

Note: There is a poll embedded within this post, please visit the site to participate in this post's poll.


Viewing all articles
Browse latest Browse all 5

Latest Images

Trending Articles





Latest Images